Initiation au collège Albert Camus

Publié le , par Romain
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AS CAMUS SLACK – Génération Slackline 2.0

Rédigé par Coco Giro

Cela fait maintenant 2 ans que j’échange des mails, des textos et des appels avec Yannick concernant la slackline.

Yannick est professeur d’EPS (Education Physique et Sportive) au Collège Camus à Lumbres. Pour ceux qui ne savent pas où se situe cette grande ville, prenez une carte, tracez un trait entre Calais et Lille et à peut prêt entre les 2 vous y trouverez Lumbres.

Il a monté une AS (Association sportive) Slackline dans ce collège il y a 6 ans. L’association compte aujourd’hui 80 jeunes slacklineurs réguliers et propose des séances un midi et un soir par semaine.

Suite à nos échanges à distance, nous avons souhaité organiser une rencontre afin de pouvoir échanger sur nos pratiques. Ils m’ont donc invité dans leur collège le mercredi 14 mars 2018.

C’était une séance en plus de leurs séances habituelles donc environ la moitié des élèves n’a pas pu venir (autres activités sportives, difficultés pour les transports…).

Affiche dans le collège avant ma venue

Me voilà donc partie dans le Nord pour la journée. Après un lever à 5h15, une ballade en voiture de 35 min, un sprint à pied de 15 minutes, un premier train jusqu’à Paris attrapé pile poil, 2 stations de RER pour changer de gare, un 2ème sprint de 10 minutes, un 2ème train que j’ai raté et un 3ème dans lequel la SNCF m’a recasée jusqu’à Lille, un collègue de Yannick me récupère enfin.

Le trajet en voiture était très sympa, Laurent me fait découvrir les maisons de briques rouges, les champs de houblon et le sport spécifique du coin : le tire à l’arc vertical. Je vous mets quelques photos pour la culture du Nord parce que ce n’est pas parce qu’on est des slackeurs qu’on ne doit pas s’intéresser au reste. Et surtout …. Il faisait beau !!! Un immense soleil !! La légende de la pluie dans le Nord viendrait-elle des Sudistes jaloux ?

Maison en briques et champs de houblon

Tire à l’arc vertical

Nous arrivons vers 13h00 au gymnase, et là je suis tout de suite impressionnée ! Une quinzaine de sangles étaient tendues dans tous les sens. « Il nous transforme le gymnase en toile d’araignée » comme m’avait raconté Laurent pendant le trajet. Il y avait des longlines, des shortlines, des rodéos, des feet-jump, des jumps, une jump avec une ligne de vie au-dessus … Et une quarantaine de collégiens en train de faire de la slackline sur l’ensemble des lignes.

Yannick appelle alors les élèves qui viennent vite s’assoir silencieusement devant nous (encore impressionnée). Il me propose de me présenter et je me sens toute intimidée, j’avais envie de les rencontrer eux. Il propose que l’on fonctionne sous forme d’ateliers par niveaux, mais nous avons finalement naturellement fonctionné autrement. Je passais de slackline en slackline, voyais ce qu’il savait faire, et leur proposait de nouvelles choses.

Lucas Rachel

Mon idée n’était pas forcément de leur corriger un mouvement en particulier ou bien de leur apprendre une même figure à tous. J’avais plutôt envie de leur montrer pleins de choses, faire en sorte que certains d’entre eux enregistrent la figure et puisse ensuite la montrer et l’apprendre aux autres. Je préférais leur donner à tous quelques messages différents, quelques idées d’axe de progression, selon leurs envies et capacités. Je souhaitais aussi leur montrer que quelque soit leur sangle préférée ils pouvaient faire pleins de choses qui leur plaisaient sur les autres sangles. Bref l’idée n’était pas de diriger une séance avec des objectifs précis, mais plutôt de leur donner pleins de pistes pour les séances d’après.

Lorane Emilie

Le niveau était très hétérogène mais aucun n’était débutant, et certains avaient même un excellent niveau. Je vous avoue surtout que c’était la première fois que je voyais :

  • Des pratiquants aussi jeunes et aussi doués à la fois
  • Une association avec autant d’adhérents (Si je ne me trompe je crois que même Parislack qui doit compter le plus grand nombre d’adhérents n’en réuni pas autant !)

Leur motivation était immense et me donnait envie de pouvoir les aider tant que je pouvais.

Thibault Elise

J’aimerais vous détailler certains outils et méthodes de fonctionnement mis en place par Yannick et que j’ai trouvé très pertinents.

  • En trickline, un petit groupe se débrouillait déjà très bien et maitrisait les bases. Ils ont voulu me montrer des fronts flips qu’ils réalisaient en s’aidant de cordes tendues à partir d’une ligne de vie juste au-dessus. J’en profite pour m’arrêter et vous donner mon avis sur cet outil :
    • Avantages :
      • Permet de mettre en confiance
      • Permet de mettre en sécurité
      • Permet donc d’essayer de nouvelles figures dans l’axe transversal (flips…)
    • Inconvénients :
      • Fait faire un contre temps sur les bras : bras en bas lorsqu’ils sont en haut car tirent sur la corde, et bras en haut lorsqu’ils sont en bas car ne tirent plus dessus
      • Prise de hauteur uniquement en tirant sur la corde au lieu d’utiliser le rebond de la sangle

Donc je pense que cet outil de travail peut être très utile pour la trickline afin de mettre en confiance et en sécurité mais qu’il ne faut pas l’utiliser trop souvent pour éviter de développer de mauvaises habitudes.

Anna

  • Les enfants ont des carnets « Slackliner Identity – Camu’ slack ». C’est un petit carnet de 4 pages résumant les conseils principaux de pratique et d’installation, validant leur capacité d’installation de la slackline, résumant leur progression : figures, longueur …

Je trouve ça super pour des collégiens ! C’est ludique, complet, ça permet de suivre leur progression … Et puis ils sont super jolis !!

La validation de leur capacité d’installation se fait par Yannick. Une fois validée ils sont capables d’installer des lignes en début de séances (ensuite vérifiées par Yannick) et cela leur permet également de pouvoir emprunter des slacklines le week end.

Une image est toujours plus efficace que du blabla alors je vous laisse découvrir par vous-même un carnet en photo :

Carnet Camu’Slack

  • Yannick utilise un excellent moyen mnémotechnique pour le changement de pas lors que la marche sur la slackline. C’est sa « règle des 4 R » :
    • Relâché  ne pas se crisper au moment du changement de pied
    • Rapproché  ne pas éloigner la jambe du corps lors du changement
    • Rasant  ne pas lever trop la jambe, raser la slackline
    • Rapide  on ne reste pas trop longtemps sur 1 pied
  • Pour le reste je lui laisse quelques secrets, je ne vais tout de même pas tout vous dévoiler 

Ensuite j’aimerais revenir sur quelques points techniques / astuces que j’ai abordé avec eux et qui pourront peut-être être utiles à d’autres débutants ou plutôt j’aimerais dire « progressants » mais le mot n’existe pas.

  • Le départ assis en « chongo » :
    • Erreurs classiques :
      • S’appuyer sur sa main posée sur la sangle
      • Monter le pied très loin devant
      • Tourner les épaules au moment où le 2ème pied se pose et qu’il faut pousser
    • Mes conseils :
      • Simplement poser sa main sur la sangle pour la toucher / la sentir, mais ne pas s’appuyer dessus (main opposée au pied d’appui)
      • Venir mettre le 2ème pied très prêt de soit presque pour remplacer la main
      • Garder les épaules bien droites face à l’axe de la sangle avant de pousser
  • Pour améliorer sa maîtrise du haut du corps lors de la marche ou de la position debout :
    • Erreurs classiques :
      • Crisper ses bras
      • Avoir la tête qui bouge dans tous les sens
      • Synchroniser le haut et le bas du corps
    • Mes conseils :
      • Relâcher au maximum les bras
      • Toujours garder la tête bien droite au-dessus de la sangle
      • Dissocier le haut et le bas du corps : le bas du corps peut partir sur le côté tant que le haut du dos et la tête restent bien droits
  • Mes exercices pour travailler cette dissociation :
    • Faire des exercices en position assise par exemple jambes croisées et tendues devant (ou en lady ou spraddl ou bouddha…) : permet de mettre un peu en déséquilibre et de chercher l’équilibre avec le haut du corps
    • Une fois que ces exercices sont maîtrisés : faire la même chose en venant fermer les yeux, toucher le pied droit avec la main gauche devant, le pied gauche main gauche derrière …. L’idée et de changer de position en gardant l’équilibre et le tout en position assise pour rabaisser le centre de gravité en comparaison avec la position debout.
  • Pour le 360° en trickline :
    • Erreurs classiques : 
      • Tourner avant de décoller de la sangle
      • Avoir le haut du corps qui tourne mais pas le bas
      • Arriver à côté de la sangle
    • Mes conseils :
      • Attendre de décoller de la sangle pour enclencher la rotation
      • Bien serrer les abdos pour que l’ensemble du haut et du bas du corps tournent ensemble
      • Utiliser un axe de rotation non pas vertical mais plutôt en diagonale : un peu en arrière et vers la sangle  cela permet de revenir assis sur la sangle et non pas debout à côté

Voilà ce sera tout pour cette fois. Je tiens à remercier l’équipe enseignante du collège Camus en particulier Yannick pour son investissement immense dans cette association de Slackline, Laurent pour la visite guidée du Nord, Julien pour les photos et tous les élèves qui m’ont fait passer une incroyable après-midi. Félicitation pour votre motivation, votre investissement, et vos progrès ! Merci pour cette magnifique expérience !

Et si d’autres professeurs d’EPS hésitent à se lancer dans une AS slackline n’hésitez plus ! Et n’hésitez pas non plus à me contacter si vous avez besoin de conseils. A très vite !!